L’énergie en Afrique
Selon la Banque mondiale, 25 des 54 pays d’Afrique se trouvaient en 2012 en situation de crise énergétique en raison de l’accès limité à l’électricité et de l’approvisionnement énergétique en général.
C’est notamment pour faire face à cette situation dramatique que les Nations unies ont mis en place en 2012 un ambitieux programme d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030 (Sustainable Energy for All, ou SEforALL), tout en réaffirmant son engagement dans la lutte contre le changement climatique. La stratégie de l’ONU a également été soutenue plus tard par une autre initiative, l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (IAER) de la Banque africaine de développement, lancée à l’occasion de la 21e Conférence des parties sur le changement climatique à Paris en 2015 (Banque africaine de développement, 2015). En matière de changement climatique, l’Afrique, qui est le continent le moins consommateur d’énergie, présente également l’indicateur par habitant le plus bas pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) (voir graphique p. 15) (World Resources Institute, CAIT Climate Data Explorer, 2013). Cependant, c’est l’une des zones les plus touchées par le changement climatique, à la fois en raison de sa situation géographique et de ses faibles ressources institutionnelles d’intervention, pour des raisons politiques et économiques (GIEC, 2007).
L’Afrique est riche en sources d’énergie, fournissant environ 19 % de la production mondiale de combustibles fossiles : un chiffre qui contraste avec ceux de la consommation énergétique (BP, 2017, p. 8-9). Les populations africaines ne consomment que 3,2 % de l’énergie primaire mondiale, ce qui est la consommation par habitant la plus faible par continent. En outre, la majorité des pays africains ont encore principalement recours à la biomasse traditionnelle pour accéder à l’énergie de base. Le fossé entre la production et la consommation montre bien l’héritage colonial des économies qui dépendent des exportations de ressources naturelles. L’exemple le plus intéressant est celui de l’uranium, dont la Namibie et le Niger sont parmi les plus grands producteurs au monde. Pourtant, il n’y a que deux réacteurs nucléaires actuellement exploités commercialement en Afrique, tous deux situés en Afrique du Sud.
En 2014, la moitié de la population du continent, qui s’élève à 1,2 milliard d’habitants, n’avait pas accès à l’électricité. Près de 730 millions de personnes utilisaient des méthodes de cuisson inefficaces et dangereuses, aux effets largement nocifs pour la santé des ménages, en particulier celle des femmes et des enfants. Les factures énergétiques sont exorbitantes dans certaines régions ; le nord du Nigeria, par exemple, affiche les tarifs d’électricité les plus élevés au monde par ménage, soixante à quatre-vingts fois plus chers qu’à New York. Lorsqu’elles existent, les infrastructures sont souvent en mauvais état, faute d’entretien adéquat : le vol d’énergie n’est pas rare, de même que les raccordements illégaux aux réseaux électriques.
L’Afrique a le potentiel de construire un nouveau modèle de développement écologique ; pour que cela soit possible, des travaux d’infrastructure considérables sont néanmoins nécessaires. Les investissements dans les infrastructures énergétiques ont des effets radicaux sur tous les aspects de la société : ils peuvent contribuer à améliorer de manière décisive les performances des activités industrielles et agricoles, ainsi qu’à généraliser l’accès à l’éducation, aux nouvelles technologies et à de meilleurs soins de santé. L’insuffisance des infrastructures énergétiques est systématiquement pointée du doigt comme l’une des principales causes du manque d’investissements dans les secteurs industriels, mais la mise en œuvre de projets d’infrastructures énergétiques a également accentué le fléau de la corruption (Brookings Institute, 2016).
L’intérêt manifesté par les pays du BRIC, la Chine et l’Inde en particulier, pour l’investissement dans le secteur énergétique africain démontre clairement les opportunités économiques offertes par le développement de ce secteur : entre 2010 et 2015, les investissements de la Chine dans le secteur énergétique de l’Afrique subsaharienne se sont élevés à environ treize milliards de dollars, soit un cinquième du total des investissements dans ce secteur dans la région.
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